Le mot « Nabatéens » fait remonter à la surface toute une foule d’images : déserts de l’Arabie, caravanes, troupeaux… Aujourd’hui, je vous propose d’évoquer ce peuple lorsqu’il vivait à l’époque romaine. Empruntons les voies caravanières et les terrains de parcours que suivaient les Nabatéens sous l’empire romain et aussi d’autres peuples liés, tels que les Thamoudéens, dans le sud de la province de l’Arabie.
Nomades : là où passent les Nabatéens
Pasteurs et caravaniers
Une partie des Nabatéens est toujours nomade sous l’Empire romain. Ce sont les habitants des régions désertiques : le Sinaï, le Hedjaz et le désert jordanien entre les steppes et les oasis du Jāwf.
Grâce aux inscriptions rupestres et aux graffitis, on connaît beaucoup de voies caravanières et de terrains de parcours des troupeaux. Mais les Nabatéens n’ont pas laissé autant de traces écrites que, par exemple, les Safaïtes, une tribu arabe vivant dans le désert de Syrie. Les inscriptions laissées sur les routes caravanières et les parcours sont sans doute l’œuvre de pasteurs.
Les caravaniers qui parcourent le nord-ouest de l’Arabie, le Sinaï, voire le désert oriental en Égypte sont des Nabatéens. Pour certains d’entre eux, ils sont à la fois caravaniers et pasteurs, car les échanges avec le Yémen sont saisonniers. On a par exemple la récolte de l’encens qui se fait à l’automne et au printemps.
Mais, en réalité, nous n’avons pas d’inscription explicite sur l’activité de caravaniers des Nabatéens. Nous ne pouvons nous baser que sur les mentions des auteurs anciens et quelques rares représentations de chameaux en caravane à Pétra.
Des points de rassemblement
On connaît quelques points de rassemblement, ainsi que des postes romains. Ils servent de relais aux nomades.
- Dans le wādī Rāmm, à l’est d’Aila, un sanctuaire d’Allat était très fréquenté. Il s’agissait d’un sanctuaire rupestre, accroché à la montagne près d’une source. Il était doublé d’un temple d’apparence gréco-romaine, avec une colonnade. Des foires se tenaient dans ses alentours. Rome y avait installé un poste avec quelques soldats et une maison équipée d’un bain. Ces soldats n’étaient pas nombreux — ils n’avaient pas vraiment de fonction militaire. En revanche, ils pouvaient s’informer des déplacements des tribus et de l’état des pâturages. Ils arbitraient aussi les querelles. On a trouvé beaucoup d’inscriptions rupestres dans les environs.
- Ruwwāfa se situe à quelques centaines de kilomètres plus au sud, dans Hedjaz. Une unité d’auxiliaires de nomades recrutée chez les Thamoudéens y a dédié un sanctuaire pour le salut des empereurs sous le règne de Marc Aurèle et de Lucius Verus, entre 165 et 169. Les Thamoudéens ont fait graver la dédicace en nabatéen. (Cela montre que, sous l’empire romain, les Thamoudéens sont un groupe nabatéen ou étroitement lié à eux.)
Sédentaires : là où vivent les Nabatéens sous l’Empire romain
Oui : une part assez importante des Nabatéens s’est sédentarisée. On retrouve ces sédentaires :
- sur les plateaux d’Édom et de Moab
- dans le Néguev
- en Transjordanie et dans le Haurān
Dans toutes ces régions, les inscriptions nabatéennes portent une onomastique arabe souvent caractéristique.
On ne sait pas si ces sédentaires étaient des éleveurs ou des paysans. À bien des égards, les Nabatéens restent un peuple mystérieux !
J’espère que ce court billet sur les Nabatéens sous l’Empire romainvous a plu (j’espère le développer bientôt). 🙂 Inscrivez-vous à ma newsletter pour plus de voyage en antiquité grecque et romaine ! À bientôt.
Sources : SARTRE, Maurice, D’Alexandre à Zénobie – Histoire du Levant antique – IVe siècle av. J.C. – IIIe siècle ap. J.-C., Fayard, 2001
Image d’en-tête : Sanctuaire nabatéen d’El Deir, Pétra –
© Radek Sturgolewski//shutterstock.com
À PROPOS DE L'AUTEURE
Je suis Marie, passionnée d'antiquité et de mythologie grecque depuis l'enfance. J'ai acquis un gros bagage dans ce domaine grâce à mes lectures, innombrables, sur le sujet : ma bibliothèque compte plusieurs centaines d'ouvrages, sources antiques et essais historiques traitant de nombreux aspects de ces périodes anciennes.
Je suis également diplômée d'histoire ancienne et médiévale (Maîtrise, Paris IV Sorbonne). J'ai notamment travaillé sur l'antiquité tardive, le Bas Empire romain et la romanisation des peuples germaniques.

Je suis l'auteure de plusieurs romans et nouvelles, dont Atalante, qui réinterprètent et revisitent la mythologie grecque et l'antiquité.