Aniélis, l’héroïne de mon roman Valadonne, ne laisse pas indifférent ! Adorée et détestée par les lecteurs, elle a aussi inspiré récemment son premier fan art.
C’est l’occasion (et c’est aussi un grand plaisir pour moi !) de vous présenter l’illustratrice Aemarielle dans cet article. Dans ses œuvres, Aemarielle met à l’honneur les femmes : sensuelles, secrètes, affirmées, libres, elles donnent un aperçu de toutes les facettes du féminin.
J’ai presque envie de dire qu’Aniélis, qui est une héroïne de roman forte, avait vocation à entrer dans son cœur !
Aemarielle, le fusain qui dévoile le divin chez les femmes
Aemarielle, c’est Marie-Gaëlle, une illustratrice strasbourgeoise de talent. Tout comme moi amatrice de jeux de rôle, de jeux de figurines et de littérature, elle a un talent que je ne possède pas du tout, celui de donner vie par le dessin à des femmes hautes en couleurs !
Sorcières, déesses, nymphes, femmes-fleurs… nourrissent son imaginaire. Les mythologies sont très présentes dans ses œuvres, et notamment la mythologie grecque, ce que je ne peux qu’apprécier. Quand je regarde ses magnifiques illustrations, j’ai un peu l’impression qu’elles symbolisent le divin qui habite chaque femme. (À noter : je trouve que chaque être humain, les hommes comme les femmes, abrite en eux une petite étincelle de divinité. Pas de sectarisme par ici.)
C’est ainsi que les personnages féminins d’Aemarielle sont tour à tour tendres, voluptueux, inquiétants, malicieux, et toujours captivants.
J’ai donc eu un véritable coup au cœur quand j’ai appris qu’elle avait dessiné Aniélis, l’héroïne de mon roman Valadonne.
Aniélis, une héroïne de roman forte et inspirante
Ce sont mes lecteurs qui le disent : Aniélis est un personnage qui ne laisse pas indifférent ! C’est un vrai bonheur pour moi de voir qu’elle marque les cœurs et les esprits de cette façon.

Née dans une société matriarcale, arrachée aux siens et projeté dans un monde inconnu, Aniélis va lutter toute sa vie contre l’oppression d’un système qui broie les individus dans ses rouages si ces derniers n’œuvrent pas dans le sens de ce qui est perçu comme « l’intérêt commun ». Dans sa confrontation avec ses ennemis prend cependant part une bonne dose de vengeance, plus que d’altruisme. Jusqu’à quel point peut-on aller avant de devenir soi-même un monstre ?
Comme le dit Aemarielle sur son blog, « Faut se la coltiner quand même, l’icône ! » !
Cette icône, donc, Aemarielle en a admirablement capté l’essence dans cette aquarelle. Les yeux, surtout, m’ont fascinée dès que je les ai croisés.

Aniélis en extraits : la brûleuse de temples
Voici pour le visage. Et si nous mettions des mots sur cette héroïne de roman forte et indomptable ?
Je vous propose l’un des extraits les plus emblématiques de mon roman Valadonne. Bonne lecture !
Le sang sur le sol. Le sang, partout.
Elle est à quatre pattes, ses doigts plongent dans le sang et en ressortent maculés jusque sous les ongles. Les jupes de sa robe en sont trempées.
Elle pose la main sur le corps qui gît là, dans la flaque écarlate. Un bruissement fou criaille dans l’air. Elle secoue le corps, le secoue plus fort, furieusement.
Les yeux s’ouvrent. Ils sont blancs, ils sont aveugles. Elle hurle, mais n’entend rien. Rien d’autre que le cri inhumain de Lya qui tournoie dans les flammes.
Elle se réveilla brusquement.
Près d’elle, Misha dormait. Il remua et son bras retomba sur la poitrine affolée d’Aniélis. La jeune femme se redressa sur un coude, toute tremblante. Dans le lointain, des oiseaux pépiaient et leurs chants déchirèrent son rêve. Il faisait encore sombre, mais l’aube pointait à l’est et les étoiles mouraient lentement dans les nuées. L’air était d’une grande douceur.
Elle s’extirpa avec délicatesse des bras de Misha. Il dormait bien à cet instant. Un léger sourire figeait ses lèvres. Il est si beau, songea-t-elle, mélancolique. Si gentil. Oh, Misha…
De l’autre côté du feu de camp éteint, Sibille dormait aussi. La silhouette immobile de Souris se devinait entre celles des arbres. Aniélis était seule, enveloppée seulement du chant des oiseaux qui appréhendaient le matin. Elle se leva et alla jusqu’à la lisière de la clairière dans laquelle ils avaient établi leur campement. D’entre les arbres, elle devina les ruines du sanctuaire, envahies par la mousse, les orties et les graminées. Le sentiment de triomphe de la nuit avait complètement disparu. Quel vide.
Ceylhad se moquait bien de ses incartades. Pauvre fille. L’angoisse insidieuse revenait. Que pouvait-elle contre ce dieu ? Que pouvait-elle contre l’Ordre ? Que faire pour repousser les ombres ? Celles-ci pesaient sur sa vie à chaque instant. Elle ne serait jamais libre.
« À quoi bon, Muoma », murmura-t-elle.
Sa mère ne répondit rien. Aniélis se secoua.
« Ne te laisse pas aller, se morigéna-t-elle. C’est lui qui t’envoie ces pensées-là ! Tu ne vas pas te laisser faire, hein ? »
Elle resta immobile pendant quelques instants, puis chuchota :
« Ce dont tu as besoin, c’est d’un bon feu de joie. »
Elle retourna au campement, enfila ses bottines et renoua autour de son cou le lien qui retenait sa bourse.
Le village le plus proche n’était qu’à quelques lieues de là. Ils l’avaient traversé la veille. Le temps qu’elle y parvienne, le ciel se grisait. Elle se glissa dans l’ombre des maisons, sans se laisser troubler par le claquement d’un volet, au loin, ni par le cocorico sonore d’un coq. La silhouette ramassée du sanctuaire dominait les bicoques du centre.
Sa porte n’était pas fermée. Fautifs, âmes perdues, revenez dans mon giron ! Un ricanement sec échappa à Aniélis alors qu’elle avançait dans les ténèbres du bâtiment. C’était si facile… Ils avaient laissé un flambeau allumé ; celui-ci éclairait de sa lueur crachotante les bancs de bois tournés vers le lutrin. La jeune femme s’en saisit et le leva pour éclairer le plafond et sa charpente de bois massif. Trop haut, inaccessible, mais peu importait. Elle tâtonna de la main jusque dans sa bourse et en sortit le stylet fidèle. Ceylhad… Le métal crissa contre la pierre.
Elle recula de quelques pas vers la sortie, puis s’arrêta pour contempler les lieux. En fermant les yeux, elle pouvait imaginer le décor de son enfance, le chantre et ses enfants dociles, le balcon au jubé grillagé, les bancs remplis de collégiens, et là, juste là, Joffrey… Elle releva les yeux et tendit le bras vers l’arrière, haineuse, puis lança le flambeau de toutes ses forces.
Et ça, Ceylhad ! Tu t’en fous ?
Elle passa le porche à reculons, sans se hâter. Dehors, dans le ciel qui s’éclaircissait, la magie était différente. La lumière, plus crue, ôtait au spectacle sa fantasmagorie irréelle. Un délicieux frisson d’horreur courut sur la nuque d’Aniélis. Les flammes commençaient à danser dans l’entrebâillement des portes. Un craquement résonna et, bientôt, une épaisse fumée noire passa les battants, empuantissant les alentours de son odeur rêche. La jeune femme se rencogna contre un mur quand elle entendit des portes s’ouvrir.
« Au feu !
— À l’aide ! Le sanctuaire ! Il brûle !
— De l’eau, de l’eau ! »
La panique gagnait toutes les maisonnées. Immobile, la main sur son foulard qu’elle maintenait plaqué contre sa bouche, Aniélis regarda les silhouettes s’affoler sur la place. Bande d’imbéciles. Trop vite, une chaîne d’hommes portant des seaux d’eau se forma pour éteindre l’incendie.
Soudain, ils s’immobilisèrent. Une ombre venait de paraître dans l’entrebâillement de la porte. Un cri de terreur nue s’éleva.
« Lya… » murmura Aniélis alors que l’être de feu s’extrayait du temple.
Son feu-follet, dansant et chantant dans sa mémoire un cri suraigu. Il ne dansait pas, lui ; désarticulé, il gesticulait, vacillait, trébuchait. Il rampait maintenant. L’aube rose se reflétait dans l’acier scintillant de sa petite épée dressée. En dessous, la face noircissait et la bouche béait sur un hurlement inhumain. Aniélis ne put en détacher le regard.
Sa vue se troubla tout à coup, elle vacilla et dut s’appuyer au mur derrière elle. Une vive nausée la saisit. Les cris résonnaient partout, on courait en tous sens autour d’elle, la lumière se levait, grisée par la fumée. On allait la prendre. La pensée de Sibille s’imposa. Fuir… Il faut fuir.
Elle longea le mur de la maison en aspirant une bouffée de cet air lourd d’une fumée ancienne, la même qu’à Ausser, peut-être.
« Là-bas ! cria-t-on dans son dos, dans le crépitement du brasier. Là-bas ! »
Elle se mit à courir dans la grisaille de l’aube.
Ça vous a plu ? 😉
Pour découvrir plus en détails les œuvres enchanteresses d’Aemarielle, je vous suggère d’aller visiter son blog ! Vous allez en prendre plein les yeux.
Quant à Aniélis, elle est disponible à la vente sur toutes les plates-formes en ligne et à la commande dans votre librairie préférée. Le pitch se trouve par ici et vous trouverez plus d’extraits présentant Aniélis par là.
À bientôt !
À PROPOS DE L'AUTEURE
Je suis Marie, passionnée d'antiquité et de mythologie grecque depuis l'enfance. J'ai acquis un gros bagage dans ce domaine grâce à mes lectures, innombrables, sur le sujet : ma bibliothèque compte plusieurs centaines d'ouvrages, sources antiques et essais historiques traitant de nombreux aspects de ces périodes anciennes.
Je suis également diplômée d'histoire ancienne et médiévale (Maîtrise, Paris IV Sorbonne). J'ai notamment travaillé sur l'antiquité tardive, le Bas Empire romain et la romanisation des peuples germaniques.

Je suis l'auteure de plusieurs romans et nouvelles, dont Atalante, qui réinterprètent et revisitent la mythologie grecque et l'antiquité.