Portrait d'Hérode le Grand - Probablement issu d'une édition imprimée de La court sainte de Nicolas Caussin - XVIIe siècle.

Le royaume hérodien en Syrie du Sud : du brigandage à la prospérité

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Rome vient de conquérir la Syrie. Elle n’annexe pas tout le territoire. Elle procède différemment en instituant des États clients.

Parmi ceux-là, le royaume hérodien, qui naît sur les ruines de l’ancien royaume juif hasmonéen en Judée. Son nom lui vient du premier roi à gouverner : Hérode le Grand.

Rome permet ensuite le développement du royaume hérodien en Syrie du Sud (Haurān) dans un but : lutter contre le brigandage. Une mission accomplie avec succès !

Un contexte : le brigandage dans le Haurān

L’omniprésence du brigandage en Syrie du Sud

Le brigandage est une catastrophe en Syrie depuis la fin du IIe siècle av. J.-C. À l’époque, le pouvoir des Séleucides se délite, ils ne sont plus capables d’empêcher les autonomismes locaux et le développement de l’insécurité.

Par la suite, Pompée et ses successeurs améliorent la situation, mais l’intérieur de la Syrie n’est toujours pas sûr.

Au nord-est de la Judée, il y a le plateau basaltique du Trachôn. C’est le principal refuge des bandits ituréens (un peuple arabe du Liban et de l’Anti-Liban). Leur repaire est inexpugnable. C’est leur base pour rançonner les caravanes qui vont à Damas et razzier les villages environnants. D’ailleurs, le nom arabe actuel du lieu, Lejā, signifie « refuge ».

Les décisions d’Auguste pour le Haurān

Nous sommes après la guerre civile romaine. Octave, futur Auguste, a vaincu Antoine. Désormais, il fait le ménage, il organise. En Syrie, il décide de lutter contre le fléau endémique du brigandage.

Octave confie le plateau du Trachôn à Zénodôros. Celui-ci est un Ituréen installé dans la région : il a pris en fermage les biens de Lysanias, tétrarque et grand-prêtre dans la Beqāʻ centrale.

Le problème ? Zénodôros se conduit encore plus mal que les brigands qu’il doit soumettre !

Octave devenu Auguste le destitue vers 27-23 av. J.-C. C’est là que la Judée entre en scène : Auguste confie le Trâchon, la Batanée et l’Auranitide (le Haurān) à Hérode le Grand, le roi de Judée. La mission de celui-ci : faire régner l’ordre et la sécurité.

Hérode et ses successeurs vont très bien remplir leur mission et Rome va être généreuse avec eux durant le siècle qui va suivre.

Sources : Strabon et Flavius Josèphe dans le Haurān

Strabon nous explique comment a commencé le royaume hérodien en Syrie du Sud :

« À cette plaine de Macras succède le canton de Massyas, dont une partie tient déjà à la montagne et où l’on remarque, entre autres points élevés, Chalcis, véritable citadelle ou acropole du pays. C’est à Laodicée, dite Laodicée du Liban, que commence ce canton de Massyas. Toute la population de la montagne, composée d’Ituréens et d’Arabes, vit de crimes et de brigandage ; celle de la plaine, au contraire, est exclusivement agricole, et, à ce titre, a grand besoin que tantôt l’un, tantôt l’autre la protège contre les violences des montagnards ses voisins. Les montagnards du Massyas ont des repaires fortifiés qui rappellent les anciennes places d’armes du Liban, soit celles de Simnas, de Borrama, etc., qui en couronnaient les plus hautes cimes ; soit celles qui, comme Botrys et Gigartum, en défendaient les partie basses ; soit enfin les cavernes de la côte et le château fort bâti au sommet du Théouprosôpon, tous repaires détruits naguère par Pompée parce qu’il en partait sans cesse de nouvelles bandes qui couraient et dévastaient le pays de Byblos et le territoire de Bérytos qui lui fait suite, ou, en d’autres termes, tout l’espace compris entre Sidon et Théouprosôpon. Byblos, dont Cinyras avait fait sa résidence, est consacrée, comme on sait, à Adonis. Pompée fit trancher la tête à son tyran et la rendit ainsi à la liberté. Elle est bâtie sur une hauteur, à une faible distance de la mer.

« Passé Byblos, on rencontre successivement l’embouchure de l’Adonis, le mont Climax et Palaiobyblos ; puis vient le fleuve Lycos, précédant la ville de Bérytos, qui, détruite par Tryphôn, s’est vu relever de nos jours par les soins des Romains, après qu’Agrippa y eût établi deux légions romaines. Agrippa voulut en même temps que le territoire de cette ville fût agrandi d’une bonne partie du Massyas, et il en reporta ainsi la frontière jusqu’aux sources de l’Oronte, lesquelles sont voisines à la fois du Liban, de la ville de Paradisos et du « Mur égyptien » (Aigyptiônteichos) et touchent par conséquent au territoire d’Apamée. — Mais nous quittons le littoral.

« Au-dessus du Massyas est le « Val du Roi » (Aulôn basilikos) ; puis commence la Damascène, cette contrée si justement vantée, dont le chef-lieu, Damas, de très grande importance encore aujourd’hui, pouvait, à l’époque de la domination perse, passer pour la cité la plus illustre de toute cette partie de l’Asie. En arrière de Damas on voit s’élever deux chaînes de collines, dites les deux Trachôns ; puis, en se portant du côté de l’Arabie et de l’Iturée, on s’engage dans un pêle-mêle de montagnes inaccessibles, remplies d’immenses cavernes qui servent de places d’armes et de refuges aux brigands dans leurs incursions et qui menacent de toute part le territoire des Damascènes : une de ces cavernes est assez spacieuse, paraît-il, pour contenir jusqu’à 4 000 hommes. Il faut dire pourtant que ce sont les caravanes venant de l’Arabie Heureuse qui ont le plus à souffrir des déprédations de ces barbares. Encore les attaques dirigées contre les caravanes deviennent-elles chaque jour plus rares, depuis que la bande de Zénodôros tout entière, grâce aux sages dispositions des gouverneurs romains et à la protection permanente des légions cantonnées en Syrie, a pu être exterminée. »
(Strabon, XVI, 2, 18-20 – Traduction d’A. Tardieu)

Voici la version de Flavius Josèphe sur les débuts du royaume hérodien en Syrie du Sud :

« À ce moment, alors que Sébastè était déjà bâtie, Hérode résolut d’envoyer à Rome ses fils Alexandre et Aristobule, pour être présentés à César. À leur arrivée ils descendirent chez Pollio, l’un de ceux qui témoignaient le plus d’empressement pour l’amitié d’Hérode, et ils reçurent la permission de demeurer même chez César. Celui-ci, en effet, reçut avec beaucoup de bonté les jeunes gens ; il autorisa Hérode à transmettre la royauté à celui de ses fils qu’il choisirait et lui fit don de nouveaux territoires, la Trachônitide, la Batanée et l’Auranitide ; voici quelle fut l’occasion de ces largesses. Un certain Zénodôros avait affermé les biens de Lysanias. Trouvant ses revenus insuffisants, il les augmenta par des nids de brigands qu’il entretint dans la Trachônitide. Ce pays était, en effet, habité par des hommes sans aveu, qui mettaient au pillage le territoire des habitants de Damas ; et Zénodôros, loin de les en empêcher, prenait sa part de leur butin. Les populations voisines, maltraitées, se plaignirent à Varro, qui était alors gouverneur (de Syrie) et lui demandèrent d’écrire à César les méfaits de Zénodôros. César, au reçu de ces plaintes, lui manda d’exterminer les nids de brigands et de donner le territoire à Hérode, dont la surveillance empêchait les habitants de la Trachônitide d’importuner leurs voisins. Il n’était pas facile d’y parvenir, le brigandage étant entré dans leurs mœurs et devenu leur seul moyen d’existence ; ils n’avaient, en effet, ni villes mais champs, mais seulement des retraites souterraines et des cavernes qu’ils habitaient avec leurs troupeaux. Ils avaient su amasser des approvisionnements d’eau et de vivres qui leur permettaient de résister longtemps en se cachant. Les entrées de leurs retraites étaient étroites et ne livraient passage qu’à un homme à la fois, mais l’intérieur était de dimensions incroyables et aménagé en proportion de sa largeur. Le sol au-dessus de ces habitations n’était nullement surélevé, mais se trouvait au niveau de la plaine ; cependant il était parsemé de rochers d’accès rude et difficile pour quiconque n’avait pas un guide capable de lui montrer le chemin ; car les sentiers n’étaient pas directs et faisaient de nombreux détours. Quand ces brigands se trouvaient dans l’impossibilité de nuire aux populations voisines, ils s’attaquaient les uns les autres, si bien qu’il n’était sorte de méfait qu’ils n’eussent commis. Hérode accepta de César le don qu’il lui faisait ; il partit pour cette région et, conduit par des guides expérimentés, il obligea les brigands à cesser leurs déprédations et rendit aux habitants d’alentour la tranquillité et la paix.

« Zénodôros, irrité en premier lieu de se voir enlever son gouvernement, et plus encore jaloux de le voir passer aux mains d’Hérode, vint à Rome pour porter plainte contre celui-ci. Il dut revenir sans avoir obtenu satisfaction. À cette époque, Agrippa fut envoyé comme lieutenant de César dans les provinces situées au-delà de la mer Ionienne. Hérode, qui était son ami intime et son familier, alla le voir à Mytilène, où il passait l’hiver, puis revint en Judée. Quelques habitants de Gadara vinrent l’accuser devant Agrippa, qui, sans même leur donner de réponse, les envoya enchaînés au roi. En même temps les Arabes, depuis longtemps mal disposés pour la domination d’Hérode, s’agitèrent et essayèrent de se soulever contre lui, avec d’assez bonnes raisons, semble-t-il : Car Zénodôros, qui désespérait déjà de ses propres affaires, leur avait antérieurement vendu pour cinquante talents une partie de ses États, l’Auranitide. Ce territoire étant compris dans le don fait par César à Hérode, les Arabes prétendaient en être injustement dépossédés et créaient à ce dernier des difficultés, tantôt faisant des incursions voulant employer la force, tantôt faisant mine d’aller en justice. Ils cherchaient à gagner les soldats pauvres et mécontents, nourrissant des espérances et des rêves de révolution, auxquels se complaisent toujours les malheureux. Hérode, qui depuis longtemps connaissait ces menées, ne voulut cependant pas user de violences ; il essaya de calmer les mécontents par le raisonnement, désireux de ne pas fournir un prétexte à des troubles.

« Il y avait déjà dix-sept ans qu’Hérode régnait lorsque César vint en Syrie. À cette occasion la plupart des habitants de Gadara firent de grandes plaintes contre Hérode, dont ils trouvaient l’autorité dure et tyrannique. Ils étaient enhardis dans cette attitude par Zénodôros, qui les excitait, calomniait Hérode et jurait qu’il n’aurait de cesse qu’il les eût soustraits à sa domination pour les placer sous les ordres directs de César. Convaincus par ces propos, les habitants de Gadara firent entendre de vives récriminations, enhardis par ce fait que leurs envoyés, livrés par Agrippa, n’avaient même pas été châtiés : Hérode les avait relâchés sans leur faire de mal, car, si nul ne fut plus inflexible pour les fautes des siens, il savait généreusement pardonner celles des étrangers. Accusé de violence, de pillage, de destruction de temples, Hérode, sans se laisser émouvoir, était prêt à se justifier ; César lui fit, d’ailleurs, le meilleur accueil et ne lui enleva rien de sa bienveillance, malgré l’agitation de la foule. Le premier jour il fut question de ces griefs, mais les jours suivants l’enquête ne fut pas poussée plus loin : les envoyés de Gadara, en effet, voyant de quel côté inclinait César lui-même et le tribunal, et prévoyant qu’ils allaient être, selon toute vraisemblance, livrés au roi, se suicidèrent, dans la crainte de mauvais traitements ; les uns s’égorgèrent pendant la nuit, d’autres se précipitèrent d’une hauteur, d’autres enfin se jetèrent dans le fleuve. On vit là un aveu de leur impudence et de leur culpabilité, et César acquitta Hérode sans plus ample informé. Une nouvelle et importante aubaine vint mettre le comble à tous ces succès : Zénodôros, à la suite d’une déchirure de l’intestin et d’hémorragies abondantes qui en résultèrent, mourut à Antioche de Syrie. César attribua à Hérode sa succession assez considérable, qui comprenait les territoires situés entre la Trachônitide et la Galilée, Oulatha, le canton de Panion et toute la région environnante. Il décida, en outre, de l’associer à l’autorité des procurateurs de Syrie, auxquels il enjoignit de ne rien faire sans prendre l’avis d’Hérode. En un mot, le bonheur d’Hérode en vint à ce point que des deux hommes qui gouvernaient l’Empire si considérable des Romains, César, et, après lui, fort de son affection, Agrippa, l’un, César n’eut pour personne, sauf Agrippa, autant d’attention que pour Hérode, l’autre, Agrippa, donna à Hérode la première place dans son amitié, après César. Profitant de la confiance dont il jouissait, Hérode demande à César une tétrarchie pour son frère Phéroras, auquel il attribua sur les revenus de son propre royaume une somme de cent talents ; il désirait, s’il venait lui-même à disparaître, que Phéroras pût jouir paisiblement de son bien, sans se trouver à la merci de ses neveux. Après avoir accompagné César jusqu’à la mer, Hérode, à son retour, lui éleva sur les terres de Zénodôros un temple magnifique en marbre blanc, près du lieu qu’on appelle Panion. Il y a en cet endroit de la montagne une grotte charmante, au-dessous de laquelle s’ouvrent un précipice et un gouffre inaccessible, plein d’eau dormante ; au-dessus se dresse une haute montagne : c’est dans cette grotte que le Jourdain prend sa source. Hérode voulut ajouter à cet admirable site l’ornement d’un temple, qu’il dédia à César. »
(Flavius Josèphe, Antiquités Juives, XV, 342-364 – Traduction de J. Chamonard)

Le développement du royaume hérodien en Syrie du Sud

Sous Hérode le Grand

Les Romains ont permis la création du royaume d’Hérode 20 à 30 ans plus tôt, vers 41-37. Ce royaume est alors constitué de l’Idumée, de la Judée, de la Samarie et de la Galilée, à l’ouest du Jourdain. Il y a aussi quelques possessions au-delà du fleuve : la Pérée. Un précédent roi hasmonéen, Alexandre Jannée, avait essayé de s’emparer du Jawlān, mais il n’avait pas été très loin. Les Nabatéens contrôlaient l’essentiel du Haurān.

La décision d’Auguste de confier le Haurān à Hérode permet donc à celui-ci de contrôler des régions longtemps convoitées par ses prédécesseurs.

Ce n’est pas fini. En l’an 20 av. J.-C., Auguste donne à Hérode les territoires de Zénodôros, qui vient de mourir : « sa succession assez considérable, qui comprenait les territoires situés entre la Trachônitide et la Galilée, Oulatha, le canton de Panion et toute la région environnante » (Flavius Josèphe, AJ, XV, 360).

Oulatha est la région du lac Houleh, aujourd’hui asséché, au nord du lac de Tibériade. Les territoires situés entre la Trachônitide et la Galilée, ce sont :

  • la Batanée, qu’Auguste a déjà confiée à Hérode en 27-23
  • le Jawlān, convoité par l’État hasmonéen depuis longtemps

Sous Philippe

Philippe est l’un des fils d’Hérode. Après la mort de son père, le royaume a été partagé et Philippe reçoit le Haurān : Batanée, Trachonitide, Auranitide. Il établit sa capitale à Panias, qui devient Césarée de Philippe. Philippe gouverne peut-être aussi l’ancien royaume de Chalcis dans la Beqāʻ méridionale.

Sous Agrippa Ier

Philippe meurt en 34 ap. J.-C. Dans un premier temps, ses États sont annexés à la province romaine de Syrie. Puis, en 37, ils sont donnés à l’un des neveux de Philippe : Agrippa Ier. Celui-ci reçoit aussi un titre royal.

En 39, Agrippa Ier reçoit également les États d’Hérode Antipas en Galilée et en Pérée. (Hérode Antipas est le roi qui ordonne la mort de Jean-Baptiste.) Puis, en 41, l’empereur Claude l’autorise à reconstituer le royaume de Judée de son grand-père Hérode le Grand.

À ce moment-là, Agrippa donne à son frère Hérode le royaume de Chalcis dont on a parlé plus tôt.

Agrippa Ier meurt en 44. Le royaume hérodien, Syrie du Sud comprise, est annexé à la province de Syrie.

Sous Agrippa II

Le grand royaume hérodien ne reste pas longtemps dans le giron de la province de Syrie. Dès 50-51, l’empereur Claude reconstitue par étapes un grand État sud-syrien et libanais. Il va le donner à Agrippa II, le fils d’Agrippa Ier. (On voit que Rome garde entièrement le contrôle de la situation.)

Cet État s’étend de l’Anti-Liban et de la Galilée au Jebel Druze.

En 50, Agrippa II récupère le royaume de Calchis que son père avait donné à son frère Hérode (mort en 48). Il le rend à Rome à la fin de 53 contre les trois grands districts hauranais (Batanée, Trachônitide et Auranitide) et quelques autres territoires.

Néron ajoute à l’ensemble une partie de la Galilée autour de Tibériade et de Tarichée et une partie de la Pérée autour d’Abila et de Livias-Julias.

Agrippa II règne sur cet ensemble jusqu’à la fin du Ier siècle.

La lutte des Hérodiens contre le brigandage

Hérode s’est implanté en Syrie du Sud dès qu’il a récupéré ces territoires. Pour cela, il a repris les habitudes des rois hellénistiques, qui installent des clérouques (des soldats-colons) afin de maintenir l’ordre.

Hérode crée des colonies militaires à Bathyra, Saura, Danaba, sur la bordure occidentale ou près de Trachôn. Il y installe des Juifs venus d’Idumée et de Babylonie, et peut-être aussi des colons grecs.

Hérode a aussi recours aux services d’officiers arabes de la région.

À côté de ce quadrillage militaire, il y a aussi, sans doute, une colonisation agricole. On compte de plus en plus de colons juifs dans les villages de Batanée.

Toutefois, Hérode ne semble pas avoir complètement éradiqué le brigandage. Dans un édit pris par Agrippa Ier ou Agrippa II, on parle de gens cachés dans les cavernes.

Mais peu importe : ses successeurs poursuivent sa politique et, finalement, le banditisme disparaît avant la fin du Ier siècle ap. J.-C. Des villages du Trachôn sont réoccupés. Ils deviennent vite prospères. On y trouve les plus anciennes inscriptions grecques de la région.

Il y a des troupes hérodiennes dans la région du Haurān jusqu’à la veille de l’annexion définitive par Rome, à la fin du Ier siècle ap. J.-C.

Rome annexe définitivement la Syrie du Sud

Rome finit par annexer le royaume hérodien, Syrie du Sud comprise. Quand cela s’est-il passé ? Avant la mort du roi Agrippa II ou après celle-ci ? Et plus précisément, à quelle date ?

On a retrouvé un poids à Tibériade qui est daté de l’an 43 du règne de ce roi. Or, dans cette ville, on utilisait une ère d’Agrippa débutée en 55. Ça repousserait donc la mort d’Agrippa II au plus tôt à 97-98. L’écrivain juif Juste de Tibériade place lui-même cette mort en l’an 100. Nous avons aussi le témoignage d’un ancien officier de son armée : il dit qu’il a servi Agrippa II pendant 18 ans, avant de servir l’empereur Trajan pendant 10 ans. Cet officier ne mentionne ni Domitien, ni Nerva, les empereurs romains qui ont précédé Trajan.

Dans ce cas, Rome a commencé l’annexion avant la mort d’Agrippa. En effet, l’empire procède en deux temps :

  • la Batanée, la Trachônitide et l’Auranitide entre 92 et 96
  • le reste en 100, donc à la mort du roi

On ne sait pas pourquoi Rome a agi ainsi.

Rome a annexé l’ensemble du royaume hérodien. L’empire se charge de la sécurité. Il confie l’administration locale à une classe de notables hellénisés qui s’est développée grâce aux efforts de pacification et de développement des Hérodiens.

En somme, l’annexion par Rome prouve le succès de la politique hérodienne.

J’espère que cet article sur le royaume hérodien en Syrie du Sud vous a intéressé. 🙂 Pensez à vous abonner à ma newsletter pour plus de voyages dans l’antiquité grecque et romaine. À bientôt !

Sources : SARTRE, Maurice, D’Alexandre à Zénobie – Histoire du Levant antique – IVe siècle av. J.C. – IIIe siècle ap. J.-C., Fayard, 2001

À PROPOS DE L'AUTEURE

Je suis Marie, passionnée d'antiquité et de mythologie grecque depuis l'enfance. J'ai acquis un gros bagage dans ce domaine grâce à mes lectures, innombrables, sur le sujet : ma bibliothèque compte plusieurs centaines d'ouvrages, sources antiques et essais historiques traitant de nombreux aspects de ces périodes anciennes.

Je suis également diplômée d'histoire ancienne et médiévale (Maîtrise, Paris IV Sorbonne). J'ai notamment travaillé sur l'antiquité tardive, le Bas Empire romain et la romanisation des peuples germaniques.

Je suis l'auteure de plusieurs romans et nouvelles, dont Atalante, qui réinterprètent et revisitent la mythologie grecque et l'antiquité.

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