Statue d'Athéna de Carl Kundmann - Parlement de Vienne, Autriche - Crédits photo : Yaïr Haklai

Les déesses grecques : la femme antique dans tous ses états

Chez les Immortels, comme les appelle Homère, les femmes ne sont pas des subalternes. Elles occupent des positions fortes qu’elles défendent bec et ongles ! D’ailleurs, le taux de femmes présentes dans le panthéon grec est le plus important de toutes les religions polythéistes, même si leur représentation baisse entre le milieu du IIe millénaire av. J.-C. et l’époque classique.


La société grecque est pourtant plutôt misogyne. Or, les déesses grecques sont des femmes dans tous les sens du terme. Sexuellement, biologiquement et socialement.


Voyons tout cela avec les six plus importantes déesses de l’Olympe !

Les déesses vierges de la Grèce antique

Honneur aux vierges Athéna, Artémis et Hestia. Ces déesses sont aussi pures qu’indomptables et farouches. Toutefois, elles sont très différentes les unes des autres dans leur essence, leurs attributs et leurs domaines d’intervention.

Athéna

Athéna est la déesse du savoir-faire technique, mais aussi de la protection de l’enfance et de la jeunesse. C’est également, on le sait, celle de l’efficacité guerrière. Aucune communauté combattante ne peut l’oublier lorsque le combat approche, ni après la victoire. Elle est ainsi très présente dans les rangs des Achéens de l’Iliade. La virginité farouche d’Athéna est proche de l’andréia (virilité) masculine.


Athéna est aussi une déesse politique : elle est la divinité éminente de nombreuses cités, dont Athènes.

Artémis

Artémis aussi protège l’enfance et la jeunesse. C’est elle que les jeunes filles honorent avant leur mariage et la perte de leur virginité. De manière étonnante, cette vierge est la déesse protectrice des femmes enceintes, des accouchées et des nourrissons.


Or, le monde de l’enfance est souvent lié à un état farouche situé hors de la civilisation. Artémis est donc aussi la déesse qui règne dans la nature et sur les animaux sauvages. Elle est également une divinité éminente de la chasse :

« Elle se plaît à l’arc, au massacre des fauves sur les montagnes ; elle aime aussi les phorminx, les danses, les chants aigus des femmes et la cité des hommes justes. » (Hymne homérique à Aphrodite, 16-7)

Artémis est plus rarement une divinité politique.


J’ai écrit un article entier sur Artémis, à lire ici.

Artémis - Peinture de Guillaume Seignac
Artémis - Peinture de Guillaume Seignac

Hestia

Hestia, sœur de Zeus, est une divinité « spécialisée ».


C’est la déesse de la maison, et même du cœur de la maison : du foyer. D’ailleurs, on appelle hestia la pièce centrale de l’habitation.


Comme la cité est une métaphore de la maison, Hestia est aussi la protectrice des institutions, des bâtiments et des hommes qui sont au cœur et à la tête de la communauté politique.


Hestia peut être vue comme un « équivalent » de Vesta dans la religion romaine.

Une virginité absolue

Ces trois déesses grecques sont fières de leur virginité. Artémis la revendique auprès de Zeus, son père :

« Accorde, ô mon père ! accorde à ta fille de rester toujours vierge » (Callimaque, Hymne à Artémis)

Elles se caractérisent par une virginité éternelle constitutive d’elles-mêmes. Quand il s’agit de la défendre, elles sont jalouses et même cruelles. Certains hommes ont perdu la vue… ou la vie en ayant violé leur intimité, comme Actéon lorsqu’il surprend Artémis nue au bain.


Cette virginité est absolue même dans le monde des rêves. Ainsi, rêver de coït avec l’une de ses déesses est signe d’une mort prochaine. (Alors que faire l’amour en rêve avec un dieu ou une autre déesse, « s’ils y prennent plaisir, annonce des secours de la part des supérieurs », selon Artémidore d’Éphèse.)

« Artémis, Athéna et Hestia, il est néfaste de s’unir, même si l’on y prend plaisir : ce songe prédit en effet pour qui l’a vu la mort dans peu de temps : car ce sont là nobles déesses, et nous avons appris en tradition que ceux qui ont mis la main sur elles ont subi de terribles châtiments. » (Artémidore)

Vierges parmi les hommes, parmi les bêtes sauvages ou au cœur de la maison, les trois déesses incarnent peut-être un souci de protection de la communauté civique. Après tout, la virginité de la fille n’est-elle pas une image en miroir de l’inviolabilité de la cité ?

Les déesses amante, épouse et mère de la mythologie grecque

La plupart des déesses ont une vie sexuelle bien remplie : les muses, les nymphes, la Mère des dieux Rhéa… Etc. Celles qui comptent le plus, à cet égard, ce sont Aphrodite, Héra et Déméter.

Aphrodite

« Si Aphrodite ne peut les persuader [Athéna, Artémis et Hestia] ou les séduire, nul autre ne peut jamais — dieu bienheureux ou mortel — lui échapper. »

« Kypris éveille le doux désir au cœur des Dieux et plie sous sa loi les races d’hommes mortels, les oiseaux de Zeus, toutes les bêtes que la terre nourrit en grand nombre aussi bien que la mer : tous pensent aux travaux de Cythérée couronnée. » (Hymne homérique à Aphrodite)

Parmi les déesses grecques, Aphrodite est celle qui attise l’amour. Elle est belle : beauté du corps et sourires, et aussi vêtements, parfums et parures sur lesquels les textes anciens insistent.

Mais elle est plus que cela. Elle est la force qui rapproche les êtres et unit leurs sexes. Contrairement à Éros, qui a le pouvoir de faire se lever le désir, elle dépasse les catégories du féminin et du masculin pour embraser toute la vie. Sa loi s’applique à tous : hommes et femmes, dieux et déesses, animaux et le cosmos tout entier.

« Le Ciel sacré sent le désir de pénétrer la Terre, un désir prend la Terre de jouir du coït : la pluie descend du Ciel époux comme un baiser vers la Terre, et la voilà qui enfante des troupeaux qui vont paissant pour les mortels et le fruit de vie de Déméter, cependant que la frondaison printanière s’achève sous la rosée de l’hymen — et, de tout cela, la cause première, c’est moi. [Aphrodite] » (Eschyle, Danaïdes)

Bien sûr, Aphrodite est aussi épouse, celle du dieu Héphaïstos (qu’elle trompe abondamment avec d’autres hommes, notamment Arès — il faut lire L’Odyssée pour en être convaincu). Elle préside aussi au mariage des jeunes filles dans l’antiquité classique et favorise la maternité via le sexe dans le mariage. D’ailleurs, on la dit parfois mère d’Éros.

Mais Aphrodite est avant tout l’Amante et deux déesses incarnent mieux qu’elle l’Épouse et la Mère.

Pour plus d’informations sur la déesse Aphrodite, lisez cet article !

L'Aphrodite de Menophantos - Musée national romain, Palazzo Massimo alle Terme
L'Aphrodite de Menophantos - Musée national romain, Palazzo Massimo alle Terme

Héra

Héra est l’Épouse par excellence. Elle est la sœur et surtout la femme de Zeus : elle arrive en troisième position après Métis (la mère d’Athéna) et Thémis, la déesse de la Justice, mais c’est elle qui reste aux côtés du maître de l’Olympe.


Certains récits racontent comment ce couple divin qui se chamaille et se déchire autour des infidélités de l’époux s’est autrefois aimé. C’était avant la chute de Kronos, quand ils étaient tout jeunes. De leur union naquirent alors plusieurs enfants : Héphaïstos, Arès et les déesses grecques Eileithyia et Hébé.


Les auteurs anciens aiment narrer leurs noces. Elles ont parfois lieu au sommet de l’Ida et parfois dans le jardin des Hespérides. En tout cas, leur copulation est un modèle. C’est le hieros gamos, le coït divin, le mariage sacré. Les Grecs mettent en exergue ce motif, car il est synonyme autant de plaisir que de fécondité.


D’ailleurs, on commémore cet événement dans de nombreux endroits de la Grèce ancienne. Héra est alors représentée par une statue parée en nymphe. Cette statue est conduite en procession comme une jeune mariée à la maison de son époux et au lit nuptial. La maison en question, pour Héra, c’est le sanctuaire.


Hélas, l’harmonie disparaît vite au sein du couple divin. Zeus va papillonner ailleurs et Héra devient l’épouse acariâtre et jalouse. Elle est alors la pire ennemie des maîtresses et des bâtards de son époux. En témoigne Héraklès (« Gloire d’Héra »), qui lui doit ses douze travaux.


Héra est en tout cas la protectrice des femmes et de l’institution du mariage.

Comme Athéna, elle est parfois la déesse omnipotente et souveraine de certaines cités comme Argos et Samos. C’est une déesse très importante, qui a peut-être même été plus vénérée que Zeus dans les époques les plus anciennes de la Grèce. Dans L’Iliade, on voit à quel point elle tient la dragée haute à son frère et époux.

Déméter

La figure de la Mère

Déméter est la deuxième née de Kronos et Rhéa.

« Rhéa subit la loi de Kronos et lui donna de glorieux enfants, Hestia, Déméter, Héra aux brodequins d’or ; et le puissant Hadès, qui établit sa demeure sous la terre, dieu impitoyable ; et le retentissant ébranleur du sol ; et le prudent Zeus, le père des dieux et des hommes » (Hésiode)

Plusieurs dieux et déesses grecques participent au développement de la vie et à la croissance des richesses et des ressources. Mais aucune entité divine ne le fait aussi bien que Déméter. Dans l’imaginaire grec, elle est la Mère féconde et fécondante.


Gaïa, par exemple, la « Terre aux larges flancs », est une gigantesque matrice productrice d’une quantité d’enfants. Il arrive même qu’elle les fasse toute seule. Mais elle n’est pas attachée à sa progéniture comme Déméter. Le lien qui unit celle-ci à sa fille, Koré, est absolument indestructible, dans un sens comme dans l’autre. Elles sont tellement liées que les Grecs les appellent souvent les « Deux Déesses ».

Déméter et Perséphone dans une œuvre art déco de Louis-Théophile Hingre
Déméter et Perséphone dans une œuvre art déco de Louis-Théophile Hingre

Koré, la Jeune Fille

Koré est le prototype de la Jeune Fille. C’est même le sens de son nom. Elle est la fille de Déméter et de Zeus.


Tant qu’elle se trouve auprès de sa mère, elle remplit toutes les caractéristiques de ce statut. On la voit, enfant, cueillir des fleurs dans une prairie avec des amies (dont les vierges Athéna et Artémis, dont elle est symboliquement proche à cette étape de sa vie).


Mais voilà qu’elle est enlevée par son oncle Hadès, qui la cache dans son royaume souterrain. Déméter, sa mère, la cherche partout. Sa colère est inextinguible et elle frappe aussi bien les dieux que les hommes. La terre devient stérile : c’est son châtiment.


Zeus, qui sait ce qui s’est passé, ordonne à son frère de rendre Koré à sa mère, mais il est trop tard. Koré a mangé un pépin de grenade : elle est désormais liée au dieu des Enfers. Rappelons que l’ingestion de divers aliments, dont les pépins de grenade, fait parti des rites du mariage dans l’antiquité grecque.


Koré est donc symboliquement liée à Hadès. Désormais, elle s’appelle Perséphone. Comme une nymphe, elle cesse d’être une kourè pour devenir une adulte et une épouse.


Toutefois, dans le cas de Koré/Perséphone, cette métamorphose est cyclique. Déméter réclame toujours sa fille. Un compromis est trouvé :

  • au printemps et jusqu’à l’automne, Koré retrouve sa mère, la fécondité revient et le monde revit ;
  • en hiver, Perséphone est la souveraine des Enfers et l’épouse d’Hadès.

Ce mythe illustre l’opposition entre virginité et fertilité. Il montre aussi la puissance de la figure de la mère en Déméter par opposition avec la figure de Jeune Fille de Koré.

Une déesse tutélaire de la vieillesse ?

Avec ces six (voire sept) déesses grecques, nous avons abordé tous les âges et tous les statuts sociaux et physiologiques de la femme grecque… sauf un.

Dans la religion grecque antique, il n’existe pas de déesse-vieille qui illustre le dernier âge de la vie d’une femme.

Pourtant, de nombreux récits louent les qualités du vieillard. L’exemple le plus ancien de ce profil est Nestor dans L’Iliade.

« Aux jeunes, les actions ; aux adultes, les volontés pesées ; aux vieux, les prières » (Hésiode)

La vieillesse apporte aux hommes la sagesse, la qualité du conseil, la supériorité de l’expérience et une vie débarrassée de la vaine recherche des plaisirs. D’ailleurs, les magistrats des cités sont souvent des citoyens âgés.

Même physiquement, le vieillard est loué. On le trouve beau, tout comme on glorifie la joliesse du corps enfantin. Dans la procession des Panathénées d’Athènes défilent les Thallophores, les plus beaux vieillards de la cité. Ils portent des rameaux d’olivier.

Au contraire, la vieillesse féminine est repoussante. Les personnages féminins des comédies grecs sont grotesques et débauchés. Dans cet article sur l’image de la femme grecque dans l’antiquité, vous verrez un exemple de leur perversion sexuelle. Vouloir faire l’amour alors qu’on est vieille ! Quel scandale !

Une exception à ce tableau : l’Héra de Stymphale, dans le Péloponnèse. La déesse y est dite à la fois Pais (Enfant), Téléia (Épouse accomplie) et Chèra (Vide, sous-entendu d’homme, donc veuve).

Là, Héra dit toute la femme dans ses trois âges. Une singularité qui montre que rien n’est totalement figé et uniforme dans ce monde grec haut en couleurs.

Héra Campana - Musée du Louvre - 100-150 ap. J.-C., Italie - Crédits photo : Tony Querrec
Héra Campana - Musée du Louvre - 100-150 ap. J.-C., Italie - Crédits photo : Tony Querrec

Quelques déesses grecques sous ma plume

Les déesses de la mythologie grecque, je les connais bien. Je les ai mises en valeur dans plusieurs de mes romans et nouvelles. Voici quelques lignes qui les évoquent !

Artémis

Dans mon roman Atalante :

« Les voix finirent par s’assourdir. Le bruit de ses pas sur le sol, celui des nébrides d’Atalante, plus feutré, qui le suivait, donnèrent une intensité nouvelle au silence qui régnait dans le sanctuaire. Entre les colonnades, tout au bout de l’édifice, la statue de la déesse dominait l’autel où lui étaient consacrées ses offrandes. Ce n’était pas une grande statue ; il s’agissait d’un vieux xoanon en bois. La représentation était toutefois assez élaborée. Debout près d’un lévrier dont elle caressait la tête de la main gauche, elle levait le bras droit pour saisir une flèche dans son carquois. Sa tête était relevée, ses yeux se perdaient dans les ténèbres qui tapissaient le plafond. Hippomène s’arrêta devant elle et la regarda. Des sentiments troubles le remuaient. Il aurait dû éprouver de la gratitude ; il ne ressentait que de la rancune. C’était la Chasseresse qui retenait Atalante dans ses rets, c’était elle qui l’empêchait de devenir une femme. Elle la maintenait dans cet entre-deux nébuleux entre enfance et âge adulte, qui ne durait pour les jeunes filles que le temps d’un soupir, entre l’offrande des osselets sur son autel et le passage dans la couche de l’époux. Atalante ne jouait plus aux osselets depuis longtemps. Dans un monde parfait, il l’aurait débarrassée de sa virginité des années plus tôt.


« Puis il se souvint du rêve, de la longue silhouette athlétique dressée au-dessus de lui, des yeux farouches qui le dévisageaient. Artémis l’avait prévenu : mais il n’avait pas voulu l’écouter. »

Aphrodite

Dans mon roman Atalante :

« Les rituels de purification avaient duré longtemps. Il y avait trop d’enjeux en ce jour, plus que dans toutes les autres demandes qu’il avait pu faire auprès d’Aphrodite, et la belle à la ceinture d’or était susceptible. Lavé, rasé, huilé de près, Hippomène se présenta devant l’agalma, la statue divine, une merveille d’or qui étincelait au milieu des marbres chamarrés du sanctuaire niché dans le palais de son père Mégarée, prince d’Onchestos. Bien campé sur ses jambes, il leva la main droite et présenta sa paume à la déesse.


« Aphrodite d’Or ! Je me présente à toi humblement, ô ma protectrice. Tu me connais, moi Hippomène, fils de Mégarée d’illustre lignée, anax d’Onchestos la Sacrée. Tu sais ma dévotion, maintes fois témoignée par des présents de statues, de fleurs, d’encens, d’or et des marbres les plus beaux du Pentélique. Auras-tu la générosité illustre de m’aider encore ? Demain va se jouer l’événement qui décidera de ma destinée. Mon bonheur ou mon malheur… À qui d’autre pourrais-je demander l’intercession, ô ma divine, toi dont la ceinture fait naître l’amour et le désir partout autour de toi ? Sache qu’aucun de mes témoignages passés de piété n’atteindra ce que je t’offrirai à l’avenir si tu m’accordes demain ce que je souhaite et chéris plus que tout au monde. Mes largesses seront sans limite, jusqu’à ma mort, glorieuse Argynnís ! Et je promets de t’amener celles de ma parthenos, qui se refuse encore à honorer tes charmes pour leur préférer Artémis, la déesse farouche des sombres halliers… si tu me fais la grâce d’en faire mon alochos. »

À lire aussi, cet article qui évoque les rêves fastes ou néfastes dans lesquels apparaissent les déesses grecques Artémis et Aphrodite.

roman en Grèce antique Atalante de Marie Tétart couverture de la nouvelle par Amaryan / Anouck Faure

Déméter

Dans ma nouvelle Hadès :

« Tandis que les nouveaux alliés se congratulent et échafaudent des plans, Hadès se tient à l’écart, songeur. S’éloignant des autres pour le rejoindre, Déméter le taquine. Elle a encore le teint coloré par la chaleur intense de la rivière mais, chez elle, ce ne ne sont déjà plus que de ravissantes touches roses, aussi fraîches que celles des pétales de fleurs.


« Mon frère ? Quand effaceras-tu ce pli sévère d’entre tes yeux ? »


Elle s’approche de lui, mutine, et touche son front du bout des doigts. Caresse évanescente, qui brûle Hadès davantage que la chaleur du Tartare. Il reste muet.


« Tu risques de le garder à jamais, continue-t-elle, rieuse, et tu vas vieillir, vieillir, vieillir ! jusqu’à paraître notre aïeul à tous ! Tu vas devenir sinistre et lugubre, Hadès. Quel dommage de ruiner ainsi ta jolie figure ! »


Hadès est confus tandis que sa sœur s’éloigne. Sa jolie figure ! Est-ce un appel ? se demande-t-il. Sa sœur est le printemps, le printemps éternel. Pourrait-il goûter à cette saison-là ? Hadès est tenté, il ressent même un vertige douloureux à cette idée. Le plaisir immédiat, le plaisir facile, insouciant tandis qu’ils guerroient contre leur père. Le plaisir, la joie, le bonheur au milieu des décombres.


Non, conclut-il à regret. Il ne saurait y avoir un tel hiatus. Déméter créée la profusion à partir de rien, mais lui pense au prix à payer pour toutes choses. D’ailleurs, le cuir de ses mains est encore strié de cloques nées au contact du métal ardent.


Plus tard, la nuit tombée sur le monde, Déméter va l’attendre dans les parfums des lavandes et des myrtes. Hadès l’observe de loin, toute ruisselante de lumière dans l’éclat de la lune. Mais il ne la rejoint pas. »

Ces récits mythologiques sont disponibles dans leur intégralité : chez votre libraire pour Atalante et en e-book pour Hadès.

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Sources :

BRULÉ, Pierre, Les Femmes grecques à l’époque classique, Hachette Littératures, 2001

 

Crédits image d’en-tête :

Statue d’Athéna de Carl Kundmann – Parlement de Vienne, Autriche – Crédits photo : Yaïr Haklai

À PROPOS DE L'AUTEURE

Je suis Marie, passionnée d'antiquité et de mythologie grecque depuis l'enfance. J'ai acquis un gros bagage dans ce domaine grâce à mes lectures, innombrables, sur le sujet : ma bibliothèque compte plusieurs centaines d'ouvrages, sources antiques et essais historiques traitant de nombreux aspects de ces périodes anciennes.

Je suis également diplômée d'histoire ancienne et médiévale (Maîtrise, Paris IV Sorbonne). J'ai notamment travaillé sur l'antiquité tardive, le Bas Empire romain et la romanisation des peuples germaniques.

Je suis l'auteure de plusieurs romans et nouvelles, dont Atalante, qui réinterprètent et revisitent la mythologie grecque et l'antiquité.

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